LES PHOTOGRAPHIQUES 2019 / PROGRAMMATION
Vincent Gouriou
''SINGULARITÉ(S)''
À la collégiale Saint-Pierre-La-Cour / Le Mans
Avec des œuvres d’une grande beauté plastique et une étonnante maîtrise photographique, Vincent Gouriou s’approche des qualités picturales des grands maîtres de la peinture flamande pour entrer au plus près de l’intime et de la beauté. Le sujet est modelé par la lumière dans des mises en scène où la fragilité des apparences peut se muer en force de fiction considérable.
Personnes transgenres, homosexuelles, hétérosexuelles. Où en sont l’identité sexuelle et le genre aujourd’hui ? Vincent Gouriou cherche. Ce photographe, attiré par la marge, parle des fêlures, avec comme prisme, sa profonde douceur. Finesse des dialogues silencieux, il signe le passage, la musique de l’intime qui n’a pas peur des dissonances, dans une vague d’images silencieuses qui séduisent ou dérangent, mais ne laissent jamais indifférent.
Vincent Gouriou cherche par l’acte photographique à montrer l’infinie nuance des corps singuliers. Des différences et ressemblances. Il s’intéresse aux transformations, qui peuvent être liées à l’adolescence, à la maladie, à la vieillesse. Pour cette exposition, il s’intéresse aussi à l’identité sexuelle et s’interroge sur la normalité.
‘‘Je cherche ce qui est universel, j’essaie de trouver un lien entre ces personnes si différentes, mais qui ont pourtant quelque chose en commun : une humanité peut-être ?’’
Ce quelque chose de sincère, de simple chez chacun lui renvoie sans doute en miroir cette recherche de lui-même.
Tout en essayant au fil des années d’aller au-delà de lui-même. D’aller plus loin encore.
Dan Aucante
''LE TEMPS DES GRENADINES''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Depuis 2004, avec la complicité de ses deux fils, Dan Aucante capte l’essence de l’enfance, en observateur attentif de ses garçons mais aussi en effectuant un retour sur sa propre enfance. Il donne ainsi une vision hors du temps, dans une unité de lieu indéfini, où les signes, symboles et secrets ont toute leur importance.
Dan Aucante malaxe l’enfance comme une matière première, y enchevêtrant deux temporalités, les jeux et rites qu’il saisit de se propres enfants auxquels répondent les souvenirs de ses propres jeunes années. Il nous livre ensuite cette matière, nous laisse se l’accaparer pour y agréger nos propres histoires, réelles ou imaginaires.
Au-dessus de ces jeux, de l’insouciance, des découvertes, plane pourtant une légère angoisse, celle, inconsciente pour ses fils mais prégnante pour lui, du temps qui passe, de la fragilité de ces instants qui vont pourtant imprimer leur marque sur une vie entière.
En véritable archéologue de son enfance, Dan Aucante exprime combien l’enfance est à la fois volatile dans sa durée mais indélébile dans ce qu’elle constitue au plus profond de nous.
Dan Aucante est représenté par l’agence Révélateur
Le coup de cœur de Corridor Elephant
Philippe Chardon
''LES PINOCCHIOS''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Philippe Chardon a une perception et poursuit une recherche très personnelle du médium photographique dont il interprète les multiples possibilités.
La série Les Pinocchios fait appel de maintes façons aux possibilités ouvertes par les techniques numériques, qu’il maîtrise parfaitement. Mais cela seul ne serait pas suffisant. Philippe Chardon joint à cette maîtrise technique l’expression d’un imaginaire très personnel, et une audacieuse mise en contact de toutes formes d’éléments graphiques et photographiques.
Il élabore de toutes pièces un vocabulaire plastique et une écriture absolument originaux. Le principe de la série n’est pas ici un artifice, mais le support d’une véritable narration, le germe d’un effet d’univers.
Philippe Chardon fait appel aux grands mythes qui ont peuplé l’imaginaire enfantin, et les confronte à la banalité parfois inquiétante du quotidien, d’une manière que ne renierait pas Lewis Caroll.’’
Anne Biroleau, Conservatrice générale chargée de la photographie du 21ème siècle à la BNF
Philippe Chardon est représenté par la galerie Mondapart
Isabeau De Rouffignac / Hans Lucas
''BHOPAL LEUR COLLE À LA PEAU''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Fallait-il déposer devant elles ces saris imprimés de coupures de presse racontant cette nuit de décembre 1984 où un gaz mortel s’est échappé de l’usine chimique Union Carbide, d’imageries médicales, du squelette de l’usine qui rappelle que la page n’est pas tournée ? Elles les ont dépliés, s’en sont drapé et m’ont regardée ou ont préféré m’offrir leur dos, juste leur silhouette comme une image figée.
Elles ont accepté mon idée. Les faire poser dans ces saris imprimés. Elles ont accepté que Bhopal leur colle encore un peu plus à la peau. Certaines sont des combattantes inlassables. Elles réclament,réparation pour les 3 500 morts directs et les 200 000 malades qui se sont ajoutés au fil des années.
Elles descendent dans la rue pour réclamer aux autorités qu’elles nettoient le site qui continuent de polluer. Elles souffrent, aussi, mais n’en disent pas grand-chose parce qu’il faut bien avancer.
Directement ou indirectement touchées, leur dignité m’a émue. Elles restent femmes et c’est aussi ce que disent ces broderies qui bordent les saris. J’ai voulu que ces mouvements de drapés et ces regards forts et doux à la fois s’imposent à nous et se détachent sur ces images qui nous rappellent ce qu’a été Bhopal et ce qu’est aujourd’hui cette ville indienne dont le nom est définitivement lié à une catastrophe qui aurait pu être évitée. Alors oui, il me fallait déposer devant elles ces saris. Elles les portent comme un défi et j’aime qu’elles soient belles de ce combat.’’
Isabeau De Rouffignac
Sandrine Elberg
''YUKI - ONNA''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Le travail photographique de Sandrine Elberg mêle recherche identitaire et exploration formelle. L’artiste livre des images ambivalentes issues de territoires hostiles et improbables liées à notre imaginaire collectif. Parée d’un masque de jeune fille Shakumi du théâtre Nô, elle incarne le personnage Yuki-Onna et nous invite à la rêverie et la contemplation. Yuki-Onna est un personnage de folklore japonais, c’est la femme des neiges. C’est un Yokaï, un esprit ou un fantôme qui apparaît la nuit dans les régions où il neige abondamment. Elle est décrite de différentes manières, tantôt comme une femme immense mais elle peut aussi incarner un paysage enneigé. Elle est la personnification de l’hiver et en particulier des tempêtes de neige. Yuki-Onna représente la dualité de l’hiver, de sa beauté lisse et froide née également la violence et la cruauté des tempêtes.
L’artiste puise son inspiration lors de ses voyages lointains, en quête de territoires aux climats hostiles pour réaliser des photographies propices à l’imaginaire collectif.
Isabelle I
''DOUBLE JE''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Derrière le Masque, le mystère.
[…] Dans cette série, j’ai décidé de me confronter à nouveau au portrait. Avec pour objectif premier, d’explorer le ‘‘Je’’, de transformer mon apparence et de la doter d’une toute autre dimension esthétique et psychologique. Afin de me ‘‘dépersonnaliser pour me repersonnaliser’’ à volonté, une maîtrise du geste s’imposait. Celle de mes mains, qui prendraient forme sur mon visage, telles un masque, pour engendrer une signification symbolique et plurielle, souvent en lien avec l’actualité. […] Une entité, une animalité, un mutant parfois se présente dans ce je(u) de métamorphoses. Au fond, dans cette ‘‘commedia dell’arte’’ ou comédie des hantés (par la vie, par les rêves, par les sentiments…), ce que nous donnons à voir, en surface, n’est peut-être qu’une image à un moment donné de notre existence. Sommes-nous réellement ce que nous sommes, quotidiennement et instantanément ? Sommes-nous les je, tu, il, elle, quand il y a derrière le masque, le mystère de sa propre identité ? L’apparence est donc inévidence, quand la complexité de l’être est chose invisible pour les yeux.’’
Isabelle I (extrait de Double Je / Les Masques)
Nicolas Ruann
''PERSON_''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Dans l’abondante malle à accessoires, Nicolas Ruann semble délaisser le masque – qu’il a souvent trituré, fait reluire ou tomber – pour faire de la colonne vertébrale son nouvel objet de prédilection. Sculptées dans le papier recyclé, les ossatures postiches viennent surligner les dos nus comme d’étranges exosquelettes, interchangeables à l’envi, laissant déborder à la surface de la peau ce que la chair habille d’ordinaire d’un si grand secret. Simple désir d’exhiber crûment ? La démarche est plus fine. Si Nicolas Ruann s’empare de ce matériau anatomique, c’est pour en interroger la subtile symbolique qu’il décompose, dans un souci d’exhaustivité, sur plusieurs panneaux photographiques. Clef de voûte de l’architecture humaine, l’épine dorsale n’en demeurera pas moins, en terre, une ruine anonyme, os parmi les os. Conscient de la dimension sacrée qu’elle revêt, Nicolas Ruann la sublime en la déclinant à travers une gamme de métaphores et de compositions signifiantes pour raconter l’un des grands fléaux de notre époque : l’envahissante surconsommation.’’
Nicolas Liau, écrivain
Aurélie Scouarnec
''ANAON''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Le peuple immense des âmes en peine s’appelle l’Anaon.’’
Anatole le Braz, La Légende de la mort en Basse-Bretagne, 1893
‘‘Avec des racines familiales ancrées dans le Finistère à proximité des Monts d’Arrée, territoire qui serait celui des portes de l’Enfer selon la croyance, les légendes bretonnes ont depuis longtemps imprégné mon imaginaire.
Enrichie par la lecture de textes comme ceux d’Anatole le Braz ou de François Marie-Luzel, cette série s’est ainsi esquissée comme une quête à la recherche de ce qui resterait de traces de rites et de contes anciens en Basse-Bretagne, partie la plus occidentale de la région bretonne. Dans cette région, l’enfer est un enfer froid, occupé par l’eau, les pluies, le brouillard. Les chevaux et les chiens sont ces animaux psychopompes qui escortent les âmes au royaume des morts.
Là où croyances païennes et pratiques religieuses sont encore étroitement liées, ces images naviguent parmi les figures qui peuplent les collectes de récits lus ou entendus. Elles m’ont également menée à la rencontre de formes de druidisme contemporain, notamment sous la forme d’un polythéisme vivant et renouvelé, au plus proche de l’expérience du sacré.
Cette série cherche ainsi à témoigner de cette singulière présence qui continue d’habiter ces espaces propices aux métamorphoses et aux manifestations de ce qui se trame dans les marges du visible.’’
Aurélie Scouarnec
Valérie Simonnet
''ESCAPE GAME''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Dans 30 ans les baobabs auront disparu, moi aussi.
Cette convergence des fins rend chacune plus sensible, de se réanimer l’une l’autre dans le quotidien. Saisir ce qui s’effondre à l’intérieur comme à l’extérieur puisque c’est la même chose. Saisir ce qui résiste, cette part empêchée, maltraitée du vivant en l’homme, celle qui s’affirme malgré tout et tente de trouver la sortie, une échappatoire, le plus souvent dans l’art. La presque totalité de ces images est prise dans des oeuvres ou des lieux de culture, ambigüité et réflexion sur le réel et sa représentation. Théâtralisation de la vie ou réalisme d’un spectacle qui dit la vérité. Pas de mise en scène juste l’alignement d’un instant et d’une émotion qui lui préexiste. Instants éphémères de revendication ou de fuite des sujets dans un univers au destin puissamment contraint. Exercice de liberté dans le refus des cohérences vrai/faux, couleur/noir et blanc surtout quand il est esthétisant et viserait à adoucir le propos par la distance. Dialogue assumé des faux monochromes et des vrais noirs et blancs afin de souligner et redoubler l’inquiétude sur le réel.
Cette sélection est un extrait d’un ensemble plus que d’une série, chaque instantané se voulant l’expression globale et définitive d’une sensation qui pourtant se répète.
Valérie Simonnet
Sur une proposition de Corridor Elephant
/////////////////////////////////////////////////////
PROJECTION D'EXTRAITS DE PORTFOLIOS
Des photographes ayant fait partie de la présélection effectuée lors de l’appel à auteurs ont la possibilité de montrer un extrait de la série proposée
dans le cadre d’un diaporama diffusé via un grand écran.
Cela permettra ainsi aux visiteurs du Centre des Expositions Paul Courboulay de découvrir la diversité des dossiers reçus et une partie de ces quelques “coups de coeur” que l’équipe des Photographiques n’a hélas pu intégrer dans la sélection exposée.
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
“Les métamorphoses de Protée”, ÉMILIE ARFEUIL
“Solo”, ARTHY MAD
“Dolor”, CHARLOTTE AUDUREAU
“Blue Bird”, CÉCILE BALDEWYNS
“Refuzniks, dire non à l’armée en Israël”, MARTIN BARZILAÏ
“Seule avec toi”, HÉLOÏSE BERNS
“Les orphelins du Poopo, récit d’un lac disparu”, ÉMILIEN BUFFARD
“L’Heure Bleue”, ANNE-SOPHIE COSTENOBLE
“Hous’Us”, CUSHMOK
“Punk, love and kindness”, NIKO DJAVANSHIR
“The Last Straw”, MAXIME MATTHYS
“Je marche sur tes traces”, LAURE PUBERT
“La main du singe”, MYRIAM RAMOUSSE
“I am a superhero”, DOMINIQUE SÉCHER
/////////////////////////////////////////////////////
Carte Blanche à Undertaker
Au Pavillon de garde, parc Théodore Monod / Le Mans
Pour la première fois, nous offrons une carte blanche à une autre structure dans l’espace d’exposition du Pavillon du parc Théodore Monod.
L’association culturelle mancelle Undertaker, créée en 2014, se donne pour objectif d’aider des porteurs de projets à se rencontrer et de catalyser ainsi des projets communs, rassemblant des créateurs venus de différents domaines, des arts visuels aux arts vivants.
Carte blanche à Undertaker : Emma Mauger
''VULVCEPTION''
Au pavillon de garde du parc théodore Monod, Le Mans
Sensible à l’environnement et ses formes naturelles, Misa Isobel/Emma Mauger nous présente une série intitulée Vulveception, une ode photographique à la Nature et à ses formes graphiques et...suggestives. Qu’ils soient de mousse, d’écorce, ou de roche, cette série composée essentiellement des sexes féminins ont été photographiés, capturés sous leur côté vulnérable, trouvés par hasard lors de balades, ou parfois même au coin d’une rue. Unir la végétation à la représentation, à l’idée que l’on peut se faire du sexe féminin et de ses formes, donne une dimension poétique à cette série. Observons la nature de plus près, observons ce qui nous entoure, suivez-votre regard et laissez-vous guider par votre imagination.
Carte blanche à Undertaker : Jean-Michel Regoin
‘‘WATCHING ME WATCHING YOU’'
Au pavillon de garde du parc théodore Monod, Le Mans
Capter des images de villes la nuit a toujours fait partie de ma pratique photographique. Peut-être par soucis de discrétion, mais également pour jouir d’une plus grande liberté, j’aime m’approprier l’espace urbain vidé de ses habitants.
Mais, dans cette solitude créative et nécessaire : suis-je vraiment seul ?
Carte blanche à Undertaker : Maxime Bihoreau
‘‘PUPPETS’’
Au pavillon de garde du parc théodore Monod, Le Mans
Cet actuel projet a pris naissance autour d'une idée imposée. Un secteur, celui de la Plaine de Saint-Denis à la périphérie de Paris. C'est un vaste espace qui d'un point de vue graphique ne m'intéresse pas, je ne lui trouve aucune profondeur esthétique dans ses structures ou ses agencements. L'Est du quartier et ses rues sont animés par un nombre très conséquent de grossistes en textile, activité commerciale dominante de cette partie de la Plaine au vu de l'abondance des boutiques.
La Plaine de Saint-Denis, qui se constitue d'une multitude de minorités, notamment asiatiques et africaines, comporte également au sein de ces populations une autre minorité, très bien implantée, les mannequins. J'ai choisi d'exposer dans une série de portraits la quantité de ces figures qu'il m'a été donné de voir au sein de cette population silencieuse, et très présente dans la Plaine.
En explorant cette démarche, j'ai pu remarquer qu'une moitié de ces mannequins avaient un visage dessiné dont les traits se rapprochaient pour certains assez de l'humain. Il était même possible d'en desceller des fragments d'émotion sur quelques uns. Mais à aucun moment, l'émotion perçue semble joyeuse, heureuse, ou ouverte. Elle est constamment froide, parfois même mélancolique. Cette sensibilité relative créé un parallèle non volontaire mais audacieux sur ce qui ressort à mes yeux de cette Plaine de Saint-Denis. Un espace hétérogène alliant des structures modernistes neuves mais non esthétiques avec des parcelles d'habitat presque insalubres, repoussant toute idée de charme ou de beauté purement graphique.
Carte blanche à Undertaker : Peter Winfield
‘‘JUST KIDDING’’
Au pavillon de garde du parc théodore Monod, Le Mans
Prenez un Anglais. Un bel Anglais. L’œil doit être rieur, l’accent improbable, et la bouche doit arborer cette moue subtile qui laisse entendre qu’il y a toujours un rayon d’humour derrière la grisaille du quotidien.
Prenez cet Anglais et mettez-le en France. Qu’observe-t-on ? Rien. La ville nous semble égale à elle-même, monotone, bruyante, agitée, bégayant sans fin sa litanie « métro-boulot-dodo ».
Qu’observe-t-il ? Tout. L’enfant qui dort dans l’œil d’une vieille dame. Le sourire du policier. L’élégance du balayeur. La façade oubliée qu’on ne regardait plus. L’amour au creux des rides. La joie naïve qui sommeille dans les froncements de sourcils du costard-cravate.
Alors, l’Anglais fait cette chose étrange et mystérieuse : il parle. Mieux encore, il fait parler. Et, finalement, il nous donne à voir. Il sort la réalité d’elle-même pour en goûter avec nous les meilleurs morceaux. Il décale. Il éclaire sous un autre angle pour partager avec nous son coup d’œil. Il nous invite à faire un tour derrière les apparences, dans cet espace étrange où l’agitation, un instant, s’arrête, pour laisser place à la vie.
/////////////////////////////////////////////////////
Sophie Carles
''TIERS PAYSAGE''
Au Centre d’art MoulinSart / Fillé/Sarthe
Une ancienne fonderie industrielle abandonnée comme ruine du post-modernisme. L’usine, dans un entre-deux temporel, devient terrain fertile, propice à la naissance d’un nouveau cycle végétal. C’est cette tension, entre la végétation et le bâti, qui est révélée dans ce travail.
Alors que la ruine rend palpable l’impuissance des choses humaines à résister à la durée, le végétal, cyclique, traverse les époques. Le Tiers Paysage, paysage libre de toute volonté humaine, définit par Gilles Clément, s’est emparé de ces lieux, les délaissés.
Regard plastique et contemplatif bien que documentaire dans un premier temps, à cette observation succède le prélèvement puis l’intervention, dans une tentative de création à la lisière de la photographie, passant de la culture de mousse à la fabrication d’objets végétaux, empreintes de l’objet manufacturé impuissant à résister aux bouleversements économiques.
En partenariat avec le Communauté de Communes du Val de Sarthe et le Centre d’Art de l’Ile de MoulinSart
Michaël Massart
''VERY FAST TRIP''
À l'Éolienne / Arnage
VERY FAST TRIP est une fable contemporaine sur l’obsolescence programmée, la surconsommation. Ce que notre société porte aux nues aujourd’hui est jeté à la poubelle le lendemain.
Autour de ce sujet et avec une certaine dose d’humour, j’ai tenté de retracer le parcours d’un objet de consommation en lui donnant vie sous les traits (du moins partiellement) d’un homme. S’il y a bien un domaine dans lequel tout va vite, c’est bien l’informatique. De plus, l’homme lui-même n’est-il pas devenu un objet de consommation dans notre société actuelle ?
Le titre résume le parcours de ces objets, depuis l’ouverture du paquet jusqu’à leur remplacement qui intervient souvent trop rapidement, que ce soit par lassitude, par jalousie envers le voisin qui a le nouveau modèle, par manque de solidité ou encore absence (volontaire ?) de pièces de rechange à une époque où l’on préfère remplacer tout l’appareil plutôt que de tenter de le réparer.
Cette série propose de partager les aventures de ce “héros” de la surconsommation depuis son déballage jusqu’à sa mort … son recyclage, en passant par ses moments de gloire, d’impression d’être le roi du monde, d’excès, de lendemains difficiles, de nostalgie, de remise en question et de lutte pour tenter de survivre dans de monde bien ingrat vis à vis de de ses “stars déchues” …
Michaël Massart
En partenariat avec la ville d’Arnage et l’Éolienne, espace culturel
Christophe Hargoues
''LES RÉSISTANTS''
À la médathèque Louise Michel / Allonnes
L’île de Sein est un caillou de 58 ha au large de la pointe du Raz, d’une altitude moyenne d’un mètre cinquante où un millier de personnes séjournent l’été et 120 îliens y vivent l’hiver.
Lorsqu’on habite sur ce confetti, on devient très vite humble face aux éléments. Les violentes tempêtes des dix dernières années ont ouvert des brèches non seulement dans les digues de protection, mais également dans les consciences des habitants face à l’urgence climatique.
Paradoxalement, l’île de Sein n’est pas un modèle de vertu écologique. N’étant pas rattachée au continent pour son alimentation en électricité, c’est une centrale au fioul gérée par EDF qui, brûlant plus de 400 000 litres de fioul, fournit de l’électricité pour les besoins des îliens conduisant ainsi à rejeter plus de 1200 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Pourtant l’énergie est là, disponible, illimité : du vent, des courants marins, du soleil.
Partant de ce constat d’évidence, certains habitants de l’île ont décidé de se mobiliser et d’agir en constituant en 2013 une société pour passer aux énergies renouvelables, s’affranchir du fioul et gagner l’indépendance énergétique. Mais l’opérateur national qui détient le monopole s’y oppose fortement. La bataille est désormais sur le terrain juridique avec des recours nationaux et européens.
Réalisée entre novembre 2016 et février 2018, cette série de portraits de sociétaires, d’adhérents, ou de simples sympathisants du projet énergie IDSE (*) veut être une photographie originale d’un groupe de personnes atypiques qui, amoureux de leur territoire, prennent leur destin en main.
(*) IDSE : Île de Sein Energie :
société composée de 66 sociétaires dont 40 îliens
En partenariat avec la ville d’Allonnes et la médiathèque Louise Michel
#############################################################
HORS CADRE #8
JEUNES PHOTOGRAPHES
Jusqu'au 6 avril à la MJC Ronceray - Le Mans
Chaque année, la MJC Ronceray s'associe aux Photographiques et expose de jeunes photographes prometteurs pour la plupart issus du territoire ou de l'École Supérieure des Beaux Arts du Mans.
Hors cadre #8 : Edwige Lesiourd
''Antr'eau''
À la MJC Ronceray, Le Mans.
L’eau est parout sur Terre,
et pourant nulle part elle n’est en trop
Ma démarche de création macro nature se fait évidemment au cœur de l’environnement et s’inscrit dans une réflexion du rapport de l’homme à son origine de vie qui semble disparaître pour l’un et en danger pour l’autre.
L’urgence frappe à la porte mais les discours alarmants et culpabilisants ne semblent pas porter leur fruit. Peut-être est-ce parce qu’ils proviennent de l’extérieur, au lieu de venir de soi ? Le seul levier possible semble alors être d’interpeller autrement la conscience individuelle. Mais si ce n’est pas par une image choc, comment y parvenir ? Il semble délicat aujourd’hui d’attirer l’attention si ce qui est proposé n’est pas extraordinaire ou venu de contrées lointaines. L’exigence ambiante face au déferlement d’images et de films ''extraordinaires'' a été l’une des premières interrogations dans la recherche. La photo macro n’a rien d’originale puisqu’elle existe depuis des années. Et notre regard s’est également habitué à voir de prés. Science du microscopique, recherches moléculaires, etc. Notre œil sait désormais voir de prés, comme de très loin.
Hors cadre #8 : Corentin Gaborit
À la MJC Ronceray, Le Mans.
Lors d’un dimanche après midi de décembre, lorsque je décidais d’aller me balader aux alentours de chez moi, longeant
la Sarthe, je me suis arrêté devant les portes de ce cimetière, le cimetière du Grand Ouest. Les drapeaux ottants à l’entrée et l’inscription ''Common wealth'' me donnèrent alors l’envie d’y entrer.
Au départ, je me baladais simplement d’allée en allée, l’appareil photo autour du cou, puis j’ai commencé à shooter les croix omniprésentes de ce lieu. C’est alors que je me suis penché sur le carré militaire. J’ai donc commencé à prendre quelques photos de ces tombes de soldats. Je fus alors marqué par certaines tombes comme celle de ce soldat juif au milieu de tous ces allemands, ou encore de ces deux soldats inconnus.
Puis, à la manière d’Eugène Smith, j’ai commencé un essai photographique, essayant de capturer les photos parfaites. Je fus alors curieux d’observer que malgré l’ancrage et l’immobilité de ces tombes, l’environnement qui les berce, lui, change chaque seconde. Du ciel aux feuilles des arbres, tout ce décor s’avère être bien vivant. Plus tard, lors de la période de neige au Mans, j’étais dans mon école quand me vint l’idée certaine, à la pause méridienne, de retourner au cimetière afin de capturer ce moment. Arrivé là-bas, tout cet ensemble me semblait encore plus figé, j’ai alors trouvé qu’une certaine poésie se dégageait de ce lieu lorsqu’il était enneigé. Presque obnubilé par ce cimetière, j’y suis ensuite retourné plusieurs fois, tant les histoires de chaque militaire enterré ici me fascinaient, dont la plupart d’entre eux n’avaient d’ailleurs jamais reçu aucune visite.
Hors cadre #8 : Thibault Pierrisnard
À la MJC Ronceray, Le Mans.
Je m’inspire dans ces différents travaux photographiques de la pensée qui réunit les deux concepts de ''vide'' et de ''plein'' qui a été traitée par l’académicien Francois Cheng sur l’art pictural chinois dans son ouvrage éponyme. Ces deux concepts se traduisent concrètement dans la peinture chinoise par le ''plein'' comme étant les traits et le ''vide'', cette surface de papier non peint mais qui ne demeure pas inerte. Le vide lie les choses entre elles et permet leur fonctionnement en un tout. L’art picturale chinois a ceci de fascinant qu’il lie complètement spiritualité et geste pictural. Si ces deux concepts me parlent particulièrement, c’est qu’ils mettent des mots sur des impressions que j’ai du réel ; le monde silencieux, neutre malgré toute l’action qui peut se dérouler devant soi... J’avais envie de m’exprimer sensiblement sur cette dichotomie entre un réel ''présent'' (à soi) et un réel ''cosmos'' qui surpasse notre environnement propre et qui donne parfois à notre action un goût de vanité. Cela rejoint d’autres impressions et pensées comme la lenteur (traité par Milan Kundera dans un ouvrage éponyme). Ce n’est pas cependant une pensée triste, bien au contraire.
C’est une expression poétique qui m’intéresse en travaillant le medium par différents langages. Pour les trois différents travaux, je ne pensais pas l’image comme devant se suffir à elle-même mais dépendante de son support et de la place physique qu’elle prend au sein de celui-ci comme le peintre chinois pensait aussi bien le sujet qu’il avait devant lui que le monde dans lequel ce sujet prenait place.
Hors cadre #8 : Jin Fangru
''Nouvelles briques de murs anciens''
À la MJC Ronceray, Le Mans.
J’ai capturé fidèlement la rénovation des édifices historiques dans les rues de Pékin à l’aide de mon téléphone portable. Cela reflète la problématique de restauration de ces édifices dans le contexte du développement économique rapide de la Chine, surtout dans les métropoles. J’espère également que ces photos susciteront la réflexion des visiteurs.