Édition terminée
ESTELLE LAGARDE
''De Anima Lapidum''
À la Collégiale Saint-Pierre-la- Cour / Le Mans
De anima lapidum - l'âme des pierres - est une série inédite dans laquelle l'architecture joue un rôle plus important que dans ses recherches précédentes. L’artiste met en évidence les relations s’établissant entre l'éphémère condition humaine et l'architecture de ces monuments qui semblent éternels : « Contrairement à mes travaux antérieurs, inspirés de bâtisses vouées à la démolition ou à une reconversion qui allait leur faire perdre toute leur essence, je souhaite réaliser un travail dans des lieux qui sont, eux, pérennes. Alors que j'étais fascinée par la finitude du bâti, qui entre en résonance avec notre propre finitude, me voilà fascinée par l'éternité de certains édifices : le temps ne semble pas avoir d'emprise sur eux. »
La photographe a sillonné la France, réalisant ses prises de vue dans des édifices religieux d'époques et d'échelles différentes. Outre le monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain), l'artiste a installé son trépied dans les églises paroissiales Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors (Eure), Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Maritime) et la cathédrale Notre-Dame de Rouen (Seine-Maritime) en Normandie ; dans les églises Saint-Vincent de Paul et Saint-Sulpice de Paris ; et ailleurs dans l'église de Tarnac (Corrèze), la chapelle Saint-Louis de Bar-le-Duc (Meuse), les cryptes de Saint-Michel et de Notre-Dame de la Couture du Mans (Sarthe), ainsi que l’église Saint-Denys à Arcueil (Val de Marne).
Ces édifices ne fournissent pas seulement le cadre des prises de vues mais en deviennent de véritables acteurs. La sensibilité architecturale d'Estelle Lagarde lui permet en effet de répondre à « l'ambition de rendre hommage à ces espaces en interrogeant leurs dimensions spirituelles, sacrées, humaines ».
Elle crée de véritables mises en scènes théâtrales, voire chorégraphiques, pour mettre en mouvement des figurants, issus d'horizons différents, y compris du champ social et médical. Des êtres ayant peuplé ces lieux séculaires se révèlent alors dans l'objectif, sous une apparence parfois fantomatique. Le temps long de pose rend en effet le mouvement humain évanescent, le réduisant parfois à une trace lumineuse, par contraste avec l'immuabilité des pierres. Ses photographies donnent à voir le rapport entre les survivants et ceux qui continuent à vivre dans leur mémoire. Elles confèrent une présence aux absents, cherchant ainsi à retenir leur existence, entre contemplation, rêve et méditation.
Le choix de titres en latin s'est imposé à Estelle Lagarde comme évocation d'une magnificence passée et d'une intemporalité mêlée de mystère.
Cette série a bénéficié, pour sa création et sa production, du soutien de la ville de Bourg-en-Bresse, du Monastère Royal de Brou, Réseau du Centre des Monuments Nationaux, de l’aide à la création du Département de l’Ain, de l’ADAPEI de l’Ain et du foyer pour adultes handicapés de Ceyzériat.
Texte écrit pour l’exposition au Monastère Royal de Brou, Bourg-en-Bresse par Magali Briat-Philippe, Conservateur, Responsable du service des patrimoines.
Estelle Lagarde est représentée par
LA COLLECTION
du Festival de l'image
À l'Hôtel de Ville du Mans
Dès 1983, nos prédécesseurs, à l'initiative de Paul BARINGOU et de Georges QUAGLIA, eurent l'idée d'acquérir des œuvres de photographes exposés au fil des festivals. Ainsi est née une collection qui atteint aujourd'hui quelques 450 œuvres originales, une centaine de retirages de photographies anciennes et divers travaux d'atelier.
Ce patrimoine constitue tout à la fois une "mémoire" du festival, de ses choix, de ses découvertes, et une traversée sur plusieurs décennies de la photographie contemporaine. Elle témoigne d'une attention permanente aux évolutions du médium et d'un souci constant d'ouverture à la diversité des créateurs.
À l'occasion du 40 ème anniversaire du FESTIVAL DE L'IMAGE DU MANS, une quarantaine de pièces remarquables de cette collection sera présentée dans le site prestigieux de l'Hôtel de Ville du Mans, Palais des Comtes du Maine.
Cette exposition anticipera, dès le 2 mars, sur l'ouverture des PHOTOGRAPHIQUES 2018
CAROLINE CHIK
''Humanite''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Dans cette série de portraits, le mythique réalisme propre à la photographie, s’ajoutant à l’hyperréalisme de la sculpture, amplifie l’ambiguïté entre vivant et inanimé. Au-delà du réalisme plastique, c’est peut-être aussi de vérité qu’il s’agit. D’humanité. L’universalité, l’intemporalité des expressions, et l’émotion souvent contenue qui
transparaît de ces figures de cire. J’ai voulu leur rendre hommage en les présentant dans des images-objets précieuses, telles les icônes des saints. Mais ce qui m’a troublée surtout, c’est le « je sais bien mais quand même », cette ambiguïté qui subsiste après-coup, même lorsque l’on sait que ce ne sont « que » des statues. Et peut-être aussi parce que l’on sait, on ne peut réprimer une certaine sensation d’inquiétante étrangeté.
En ce sens, cette série interroge le spectateur sur son propre regard, c’est-à-dire sur ce qu’il croit voir, à travers le prisme de sa sensibilité, et sur ce qu’il sait de la photographie. Une sorte de dialectique entre le savoir intellectuel et la pulsion émotionnelle qui passe par le regard.
Caroline Chik
16 orotones : épreuves gélatino-argentiques sur verre et dorure, 18 x 24 cm.
[Orotone : photographie argentique sur verre obtenue par couchage d’émulsion photosensible liquide, au dos de laquelle est appliquée de la dorure.]
JEAN-CLAUDE DELALANDE
''Quotidien''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Photographies issues de la série "Quotidien" débutée en 1993 et toujours en cours.
À la plage, au salon ou dans la chambre, l'homme est toujours accompagné de son épouse, parfois de son fils et regarde fixement l'objectif. L'absence totale d'émotion émanant de ces protagonistes qui semblent effectuer mécaniquement les activités de la vie quotidienne crée une atmosphère à la fois atone, dérangeante, empreinte de résignation et de solitude mais qui, en même temps, prête à sourire.
C'est par cette mise en scène tragi-comique que Jean-Claude Delalande met en exergue les frontières présentes dans la structure sociale la plus élémentaire. La famille n'est plus une entité, elle n'est que le regroupement conventionnel et artificiel d'individualités parfaitement dissociées par l'incommunicabilité entre les êtres.
Hervé Dorval (Directeur du Festival Lens Art Photographic)
MATHIAS GREENHAGH
''Waalsekaai 47 (Fomu)''
Au Centre des Expositions Paul Courboulay / Le Mans
Cette série a été créée suite à une première visite au Musée de la Photographie d’Anvers (Fomu). J’ai été frappé par le potentiel d’abstraction des espaces restructurés par Georges Baines et Patrick de Sterck, notamment les volumes d’accueil et de circulation, laissés nus. J’ai pris quelques photos avec le 35mm que j’avais avec moi. Les photos résultant de ce premier repérage avaient trop de grain et j’avais envie d’améliorer le cadrage.
Anvers est à 45 minutes de Bruxelles, j’y suis retourné avec un moyen format, un trépied et une pellicule moins sensible. J’ai consacré tout l’après-midi à retrouver les meilleurs premiers cadrages. J’ai travaillé de nouveaux points de vue dans le temps plus long exigé par le trépied. La vision de l’image inversée sur le verre dépoli permet de préciser les cadrages avec patience et soin. Le résultat plus construit de cette deuxième approche s’accordait plus à ce que j’imaginais retranscrire de cet espace dont je n’avais pas encore épuisé le potentiel.
Cette série s’inscrit également dans la lignée d’un travail effectué précédemment dans lequel je recherchais une abstraction géométrique. Je ne procède à aucune retouche, c’est au cadrage que se fait l’épuration qui tend à idéaliser les vues d’espaces réels.
RAPHAËL HELLE
''Dérèglement''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Quand le climat est détraqué, les crocodiles remontent vers le cercle polaire, les ours blancs grillent dans les déserts, et les oranges font n'importe quoi. Du Maroc à la Suède, de l’Islande aux Emirats Arabes, le photographe Raphaël Helle et l’actrice Caroline Amoros alias Miss O’Range questionnent sous la forme d’une fable photographique, poétique ironique et fantasque, le dérèglement climatique lié au comportement irrationnel des humains
MIREILLE LOUP
''Beneath Beyond''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
En géométrie métrique, Beneath-Beyond (devant-derrière) est le nom d’un des algorithmes permettant la représentation des points d’un polytope, par une équivalence des segments et faces qui sont devant, et des autres situées derrière. Pour comprendre cet algorithme, il faut faire abstraction du monde en 3D que nous pouvons seulement voir, et en imaginer un en dimension 4 auquel nos yeux et nos sens ne donnent pas accès, considérant la dimension des faces cachées du polytope dont la représentation diffère selon son déplacement dans l’espace à un instant T.
Mireille Loup nous donne à voir comment certains algorithmes mentaux peuvent permettre une représentation des facettes invisibles par une faculté d’adaptation qui utilise l’imaginaire, le polytropos, en-deçà et au-delà d’un réel perceptible. Elle nous parle des raptus de certains enfants, ces désertions momentanées et soudaines du monde prosaïque, ces perturbations hors de la conscience ordinaire, autant que de l’intelligence polytrope, cette faculté d’adaptation polymorphe qui offre la capacité aux détours, à l’errance positive et dont Homère qualifia Ulysse, image du poulpe aux mille replis.
Car dans l’enfance, comment parler de soi lorsqu’on ne possède pas les mots ? Au moins, il y a les images. Pour les enfants, les dessins. Pour Mireille Loup, des photographies comme des dessins, fabriquées, manipulées pour exprimer l’indicible, sans émotion, sans drame, dans une esthétique aseptisée.
MARIE MONS
''Aurore Colbert''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
“Partir c’est mourir un peu, et Marie Mons l’a pris au pied de la lettre. Et mourir c’est renaître. Pour son séjour à Seyðisfjörður en Islande, la photographe a choisi de se laisser porter par son environnement, de l’absorber et d’en restituer le golem. Elle a investi le territoire, le paysage, le village, les habitants, pour faire émaner une nouvelle identité, Aurore Colbert.
Marie Mons a passé l’hiver à Seyðisfjörður, village islandais réputé mystique, encadré par trois montagnes, et privé de soleil cinq mois durant. Au bord des fjords, entre rituels chamaniques, vie sociale et pulls locaux, elle a créé de toutes pièces, fictives et réelles, un nouvel être nourri du hasard et des signes qu’elle a bien voulu interpréter : Aurore Colbert, vrai faux monodrame dont les habitants du village sont devenus les acteurs.”
Carine Dolek (journaliste et commissaire indépendante)
CLAIRE ET PHILIPPE ORDIONI
''Portrait baroque''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Les Portraits baroques sont une poésie post-apocalyptique... une civilisation à l’air désespéré, des bribes d’archétypes, un blanc sali qui tente une aristocratie trash. L’ombre d’une dégénérescence humaine cachée sous le fard, les plumes et les dentelles abîmées, avariées. Une dignité de la survie. Un au-delà du No future.
Rodia Bayginot
Les Portraits baroques étant nés d'une recherche de personnages pour un scénario de science-fiction, ce n'est pas un hasard si les photos évoquent un univers cinématographique. Dans un futur où les gens auraient été dépossédés de leur humanité, des individus à bout de force luttent pour de ne pas sombrer dans l'oubli et la démence.
Les Baroques apparaissent enfermés, amputés, censurés, payant quelque inaptitude ou désobéissance. Tout en remuant notre histoire, collective ou personnelle, ils nous livrent la leur à travers un regard parfois anxieux, souvent égaré, mais indéfectiblement digne.
Claire Ordioni
ANITA POUCHARD-SERRA
''Urbanités latentes''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
"C’est de l’autre côté. Si près. Les frontières sont excitantes pour ceux qui peuvent les franchir librement. Mais parfois, par la force des autres, le chemin s’arrête. Une nuit, une couverture. Quelques jours, une tente.Quelques semaines, un foyer. Quelques mois, une ville.
C’est le visage découvert d’une résistance silencieuse. Celle d’êtres humains qui tentent de continuer à “être”.
C’est de l’autre côté. Si loin."
Urbanités latentes est une histoire visuelle non conventionnelle qui tente de s’éloigner de l’image médiatique d’un camp de réfugiés et de proposer une autre approche d’un lieu souvent stigmatisé, que l'on pense déjà connaitre voir comprendre.Des images qui cherchent à révéler un camp progressivement devenu ville, construite et portée par les réfugiés et les bénévoles. Dans l’attente d’un hypothétique passage, l’homme n’a pas d’autre choix que de s’établir, de vivre, de construire et d’être, malgré tout. L'édition de ce travail s'est nourrit du fossé entre les habitants de Calais et leur imaginaire construit à partir de discours médiatiques et politiques et la réalité complexe du camp à quelques centaines de mètres de leurs maisons. C'est un croisement de mon carnet de dessins, qui m’a accompagné pendant les 4 mois de travail ,et de mes images photographiques.
Ces dernières racontent le territoire, le théâtre bati des vies quotidiennes recréés à partir de rien. Les dessins eux, emènement le spectateur vers le monde de l’intimité et du détail, le laissant ainsi libre de se projeter et de développer son propre imaginaire, en prenant de nouveau le temps de comprendre ce qui a eu lieu ici et qui recommencera bientôt là.
Anita Pouchard-Serra
MÉLANIE WENGER
''Marie-Claude, La dame aux poupées''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
Conte photographique de Mélanie Wenger
J'ai craint qu'elle ne soit plus là. Qu'elle nous ait quittés. Peut-être n'a-t-elle pas autant perdu la tête qu'elle voudrait me le faire croire. Peut-être veut-elle simplement me raconter une autre vie. Celle qu'elle aurait voulu avoir, vivre. Tout ce dont elle a rêvé. Elle m'en parle, chaque jour. Son histoire change, toujours. Chaque fois. Entre la vérité, ce qu'elle aurait voulu vivre, et ce qu'elle a interprété, ses histoires évoluent, varient, changent. Tout ce qui importe, ces histoires sont elle. Qu'elles soient vraies n'est pas la question. Mais en tant que photographe, ce qui importe est de savoir ce que l'on va voir ou ne jamais voir. Faut-il les rêver ? Faut-il les créer ? Faut-il les oublier ?
Ces belles histoires, où elle prenait son bain dans son bateau. Celles où elle teignait ses cheveux seule dans le seau. Celles où le chat dormait dans son lit, propre. Faut-il les attendre ? Peut-être ne vont-elles jamais se produire. Se reproduire ? Celles qu'elle-même attend peut-être toujours... Attend-elle autant que moi que quelque chose se passe ?
Je tombe sur Marie-Claude en rentrant de Libye, au bout d'un chemin sans issue dans un lieu-dit perdu des Monts d'Arrée bretons en avril 2014. « Tu viens voir mes poupées ? » me lance-t-elle, en m'indiquant mon chemin. Dans sa maison de bric et de brocs je découvre un monde que je ne quitterai plus. Qui me hante et m'emplit de joie à la fois. Cette vieille dame de 75 ans, cette ancienne bucheronne, pêcheuse et couturière attachante et effrayante me touche, me parle de moi, de ma mère, de ce que je suis aujourd'hui et de ce que je crains de devenir. Elle interroge la rébellion qui est en moi et qui ne veut s'éteindre. Elle me montre que tout persiste et rien ne s'éteint. Comme ma grand-mère, vieille mais rebelle. Elle n'a jamais eu d'enfant et me fascine pour cela, moi qui en ai perdu ou chassés, qui résiste (peut-être) à l'appel de la féminité. Est-elle femme ? Est-elle enfant ? Est-elle folle ? Suis-je folle ? Autour d'elle, tous la fuient, sa particularité, son caractère. Elle n'a jamais suivi les rails, les règles de la communauté. Une marginale. Un peu comme moi, parfois. Un peu comme nous tous en fait, sauf que certains n'osent pas.
A 18 ans, elle épouse Albert, 17 ans de plus qu'elle. Elle emménage à Kerberou, dans la maison de son mari, qu'elle ne quittera plus jamais. Ils sont sans le sou, elle vole ses parents, sa soeur, pour lui. Il la bat, la séquestre et la prive de tout contact extérieur. A sa mort en 1999, elle se retrouve seule avec une maigre retraite. Marie-Claude est une accumulatrice compulsive, solitaire, sénile, mais elle a un caractère bien trempé. Elle n'a ni enfants ni famille mais un bon millier de poupées. Elle a perdu la mémoire, une bonne partie de sa tête mais elle est fascinante. Tous les deux mois, je prends ma voiture, de Bruxelles ou d'ailleurs, et vais la voir en Bretagne. Je passe plusieurs jours avec elle, la photographie. Elle ne se souvient parfois plus de moi, mais elle m'ouvre sa maison. A l'aide de petits papiers et de photos, je lui remémore chaque fois qui je suis et ce que nous faisons ensemble.
Mais que fait-elle toute la sainte journée ? Je ne l'ai vue que se balader, chercher des racines, se perdre. Pisser dans le café, manger des crêpes n'importe quand... Que fait-elle ? Elle-même ne veut pas répondre à cette question. Comme si je devais rester dans le coin pour savoir. Ou peut-être aussi pour qu'elle arrête de le savoir. Suis-je simplement celle qui arrive dans sa vie ? Ne puis-je donc jamais être celle qui observe ? Suis-je arrivée trop tard ? Vit-elle ces histoires qu'elle me raconte assise dans son salon ? Ou en vit-elle d'autres ? Se souvient-elle parfois ? Qui elle est, qui elle fût ; ce qu'elle est devenue. Ermite, sorcière, vieille folle, korrigan, ou petite grand-mère. La voici.
ADRIEN BASSE-CATHALINAT
''La Ligne''
Au pavillon du Parc Théodore Monod / Le Mans
Le mot frontière recouvre classiquement trois définitions : 1 - limite séparant deux zones, deux regions, caractérisée par des phénomènes physiques ou humains différents, 2 - ce qui constitue le terme extrême, ce qui marque la fin d’une chose et le début d’une autre, 3 - ligne séparant deux pays.
Souvent assimilés à une notion de séparation, les frontières peuvent se révéler des espaces communs de rencontre, où le partage culturel et la cohésion sociale favorisent l’effacement de ces lignes, et donnent naissance à de véritables identités transfrontalières. Le col du Pourtalet, situé entre Béarn et Aragon, est un territoire bivalent, témoin et acteur des liens tissés entre ses habitants.
Carte d’identité de cet espace, ce projet questionne la notion de frontière en mettant en lumière les espaces frontaliers et les différentes interactions entre les peuples. Il montre comment l’échange et l’empathie permettent à deux territoires de cohabiter.
Adrien Basse-Cathalinat
BENJAMIN JUHEL
''ARK''
Au pavillon du Parc Théodore Monod / Le Mans
« Il est important d’évaluer l’échelle humaine à travers toutes ses dimensions, y compris les dimensions cachées de la culture. » Dans son ouvrage La Dimension cachée (1966), l’anthropologue américain Edward T. Hall invente la proxémique : l’étude de la perception et de l’usage de l’espace par l’homme. Il explique ainsi que les individus évoluent dans des mondes sensoriels différents selon les cultures. L’homme et son environnement interagissent, et la dimension cachée est celle du territoire de tout être vivant, de l’espace nécessaire à son équilibre.
De l'expérience de nos corps fragiles
En grec ancien, Ark renvoie à l’étymologie de mots tels que coffre, citadelle... Il exprime une limite, une tension entre l’intérieur et l’extérieur, des forces opposées, ce qui contient et ce qui résiste.
Dans cette série, les danseurs formulent une expérience du déséquilibre et de la pesanteur en interaction avec des espaces construits de formes brutes.
Le corps se dessine dans l'espace et pour faire exister les vides. L'action proposée vient soulever des tensions entre ancrage au sol et pesanteur de l'architecture. Silhouettes échouées, postures arrêtées, la danse vient tantôt comme une lutte, tantôt comme une résignation sur des arrière-plans aux lignes monumentales.
Par sa présence à l'intérieur de la forme construite, le danseur nous invite à interroger la possibilité du vide, les distances, la tension existente dans les espaces de transitions, territoires de flux dans lesquels le corps du vivant se déplace de manière automatisée.
Les constructions sont brutes, lourdes, rugueuses. Les lignes sont géométriques et anguleuses. En revanche le corps est léger, organique et vulnérable. Par un travail de mouvement en réponse à la structure de l'espace, par l'écriture physique des distances entre le Corps vivant/ Corps mou et la matière construite/ rigide, le corps est alors en situation fragile.
JEAN PELLAPRAT (photographe) / JÉRÉMY PAON (performeur)
''On.OFF // Grenoble''
À l'Éolienne / Arnage
ON.OFF // Grenoble se déploie au-delà d’une proposition photographique, nourrie de deux univers artistiques (photographie & art vivant).
Cette exploration urbaine est avant tout le hasard d’une rencontre avec la ville, à la découverte de sa géographie, son histoire et son architecture. Se perdre dans ses méandres, ses interstices pour en dénicher des espaces singuliers. Se saisir des particularités de cette cité et l’offrir à voir sous un nouvel angle. Grâce à une architecture riche et variée ainsi que des éléments identitaires forts, la « Capitale des Alpes » fut le terrain de jeu idéal pour traquer ses fragments d’illusion et capturer ses Chimères Urbaines. Chaque cliché est singulier, sans préméditation quant au lieu, à la lumière et autres paramètres.
Les illusions retrouvées dans les photographies sont réalisées sans artifices et sont le résultat d’une adaptation à l’environnement : faire partie du tableau urbain pour perdre au mieux l’œil de l’observateur. Entre imaginaire et sensibilité, ON.OFF dévoile une autre vision du patrimoine culturel de la ville et retranscrit une fraction de notre réalité, une réalité controversée, renversée.
Jean Pellaprat
ÉRIC DROUSSENT
''Décalage immédiat''
Au Centre d’art MoulinSart / Fillé/Sarthe
« Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux », écrivait Marcel Proust.
Des photos de voyages ? Seulement les photos d’un voyage ! Un voyage au pays de l’imaginaire, sur les chemins de traverse menant aux frontières de l’absurde. De grands explorateurs ont déjà abordé les rivages de ces étranges contrées, ainsi mes natures mortes « réanimées » entrent en résonance avec celles des grands maîtres que sont Man Ray, René Magritte et bien évidemment Chema Madoz.
C’est l’inattendu et le paradoxal qui inspire ces images : changez le quotidien bien réel de ces objets par un autre irréel, mais crédible et vous entrerez dans l’univers poétique de ces images. Partir d’ustensiles bien réels et leur imaginer d’autres possibles, sortir de notre monde convenu, confortable, prévisible et attendu, en surmontant l’improbable, en regardant au-delà de l’horizon, jusque de l’autre côté du miroir... Chacune des images de la série décalage immédiat développe un univers singulier original qui nous paraît pourtant si familier. Un seul but à ces assemblages et bricolages pris en photo : faire scintiller les yeux et amener un sourire sur le visage du spectateur. Suivez-moi, vous venez d’embarquer dans cette fugue ininterrompue, le détournement est systématique, attachez votre ceinture, le décalage est immédiat...
Eric Droussent
ESBA TALM (École Supérieure des Beaux Arts Tours, Angers, Le Mans)
Installation audiovisuelle
Jérémy Lechailler
''Sans titre, vidéo interactive 2017''
Au centre des expositions Paul Courboulay / Le Mans
‘‘Lors de mes différents déplacements, je prête attention aux divers détails qu’offre le moyen de transport que j’utilise. Cette vidéo provient de mon retour des vacances de la Toussaint, dans un TER à destination de la gare de Lyon Part-Dieu.
Après quelques minutes d’observation, je me suis placé à l’extrémité du wagon couchette afin d’avoir un point de fuite fort, et de capter les défilements de la lumière rythmée par la traversée du paysage. Tout au long de la vidéo les lumières défilent inlassablement vers la caméra, sans être perturbées. Ce calme est rompu à la fin de la vidéo par une annonce sonore de la SNCF à l’arrivée à Chalon-sur-Saône.
Pendant la majeur partie de cette prise de vues, rien ne permet de savoir où nous sommes et pourquoi, ce qui permet de profiter de ce spectacle simple loin de toutes agitations humaines.’’
Jérémy Lechailler
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HORS CADRE #7
JEUNES PHOTOGRAPHES
Jusqu'au 14 avril à la MJC Ronceray - Le Mans
Chaque année, la MJC Ronceray s'associe aux Photographiques et expose de jeunes photographes prometteurs issus du territoire ou de l'École Supérieure des Beaux Arts du Mans.
ROMAIN BERGEOT
"Un après-midi à la Défense"
À la MJC Ronceray, Le Mans.
Un jour, l'idée m'est venue de photographier le quartier de La Défense sous un angle différent et de dépasser le "simple" cliché d'architecture.
Je me suis donc assis et j'ai pris le temps d'observer ces hommes et ces femmes qui travaillent au cœur de ce centre d'affaires. Le ballet incessant des personnes se mélangeant aux lignes des immeubles commençait à m'inspirer.
Je pris une première photo d'un homme assis qui, comme moi quelques minutes auparavant, observait autour de lui.
La série était née.
Durant ce bel après-midi ensoleillé, j'attendais le passage d'un individu pour capturer l'image tout en jouant avec les lignes et les reflets, l'objectif étant de donner une pointe de graphisme, d'humanité, de vie à cet environnement fait de verre et de béton.
ANAÏS MÉHÉNI
"Abraxas"
À la MJC Ronceray, Le Mans.
Cette série photographique vous emmène dans une balade urbaine au coeur des architectures de Ricardo Bofill. Réalisée entre août et novembre 2017, on y trouve de somptueux décors. Le parti pris de la photographie argentique fige l'époque, laissant libre place à l'imaginaire.
Jeanne Minier
"L'Herminière"
À la MJC Ronceray, Le Mans.
"L’Herminière est un lieu dit de Châteauvieux dans le Loir-et-Cher. C’est ici que Michèle et Marie-Claire Rabier ont grandi. La propriété leur a été léguée après le décès de leur mère en 2008. Michèle souhaite la vendre avant qu’elle ne finisse en ruines tandis que Marie-Claire refuse. Les deux soeurs ne s’adressent plus la parole, les négociations sont bloquées.
La maison, les hangars et les corps de ferme tombent petit à petit sous les heurts du temps."
Cette série, réalisée en argentique, explore la maison d’enfance de ma grand-mère et les corps de ferme. Le lieu est inhabité depuis près de 15 ans, il est entretenu au minimum ; tonte de la pelouse, aération de la maison, vérification de l’état des bâtiments. Il reste à l’intérieur des traces de vie, comme si le temps s’était arrêté ; des meubles, des photos, et d’autres objets. On y trouve également des signes qui rappellent que plus personne n’y habite ; de la poussière, des toiles d’araignées et du papier peint décollé.
Le lieu témoigne d’un conflit familial, universel, lié aux questions de l’héritage. D’un côté l’attachement à un lieu et ses souvenirs d’enfance, de l’autre le refus de voir mourir ces souvenirs dans des ruines.
JING TIAN
"Lion"
À la MJC Ronceray, Le Mans.
Dans cette série "Lion", Je mets en relation des portraits en situation de vie quotidienne et des paysages historiques. En photographiant les ‘paysages’ et les ‘portraits’ je tente de donner à comprendre cette connexion entre les citoyens et l'environnement urbain.
Le travail photographique de la série ‘ Lion ’ porte sur la présence humaine et la manière d’habiter un territoire. Qu’est ce qui, pour moi, est en commun d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, tant au niveau de l’espace urbain que des modes de vie des habitants. Mais dans cette quête de l’universel, je cherche aussi à faire ressortir la spécificité d’une culture, à montrer la particularité d’un lieu, à pointer la singularité d’une identité.