entete LES PHOTOGRAPHIQUES2018

 

Édition terminée

 

ESTELLE LAGARDE

''De Anima Lapidum''

À la Collégiale Saint-Pierre-la- Cour / Le Mans

Estelle Lagarde Les Photographiques 2

De anima lapidum - l'âme des pierres - est une série inédite dans laquelle l'architecture joue un rôle plus important que dans ses recherches précédentes. L’artiste met en évidence les relations s’établissant entre l'éphémère condition humaine et l'architecture de ces monuments qui semblent éternels : « Contrairement à mes travaux antérieurs, inspirés de bâtisses vouées à la démolition ou à une reconversion qui allait leur faire perdre toute leur essence, je souhaite réaliser un travail dans des lieux qui sont, eux, pérennes. Alors que j'étais fascinée par la finitude du bâti, qui entre en résonance avec notre propre finitude, me voilà fascinée par l'éternité de certains édifices : le temps ne semble pas avoir d'emprise sur eux. »

La photographe a sillonné la France, réalisant ses prises de vue dans des édifices religieux d'époques et d'échelles différentes. Outre le monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain), l'artiste a installé son trépied dans les églises paroissiales Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors (Eure), Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Maritime) et la cathédrale Notre-Dame de Rouen (Seine-Maritime) en Normandie ; dans les églises Saint-Vincent de Paul et Saint-Sulpice de Paris ; et ailleurs dans l'église de Tarnac (Corrèze), la chapelle Saint-Louis de Bar-le-Duc (Meuse), les cryptes de Saint-Michel et de Notre-Dame de la Couture du Mans (Sarthe), ainsi que l’église Saint-Denys à Arcueil (Val de Marne).

Ces édifices ne fournissent pas seulement le cadre des prises de vues mais en deviennent de véritables acteurs. La sensibilité architecturale d'Estelle Lagarde lui permet en effet de répondre à « l'ambition de rendre hommage à ces espaces en interrogeant leurs dimensions spirituelles, sacrées, humaines ».

Elle crée de véritables mises en scènes théâtrales, voire chorégraphiques, pour mettre en mouvement des figurants, issus d'horizons différents, y compris du champ social et médical. Des êtres ayant peuplé ces lieux séculaires se révèlent alors dans l'objectif, sous une apparence parfois fantomatique. Le temps long de pose rend en effet le mouvement humain évanescent, le réduisant parfois à une trace lumineuse, par contraste avec l'immuabilité des pierres. Ses photographies donnent à voir le rapport entre les survivants et ceux qui continuent à vivre dans leur mémoire. Elles confèrent une présence aux absents, cherchant ainsi à retenir leur existence, entre contemplation, rêve et méditation.

Le choix de titres en latin s'est imposé à Estelle Lagarde comme évocation d'une magnificence passée et d'une intemporalité mêlée de mystère.

Cette série a bénéficié, pour sa création et sa production, du soutien de la ville de Bourg-en-Bresse, du Monastère Royal de Brou, Réseau du Centre des Monuments Nationaux, de l’aide à la création du Département de l’Ain, de l’ADAPEI de l’Ain et du foyer pour adultes handicapés de Ceyzériat.

Texte écrit pour l’exposition au Monastère Royal de Brou, Bourg-en-Bresse par Magali Briat-Philippe, Conservateur, Responsable du service des patrimoines.

Estelle Lagarde est représentée par      agence revelateur

ESTELLE LAGARDE née en 1973, se forme à la photographie et s’investit dans une démarche artistique dès l’obtention de son diplôme d’architecte. Ses séries photographiques, réalisées le plus souvent «à la chambre argentique»*, mettent en scène des figures humaines dans des lieux abandonnés - prison, usine, auberge... - qui racontent des histoires venues du passé, comme la promesse de les ressusciter. Les figures humaines y apparaissent tels les spectres surgis de notre mémoire. L'artiste utilise aussi son expérience personnelle, comme dans la série Adénocarcinome**, sublimation artistique de son cancer du sein, qui l'a fait connaître du grand public en 2010.

* appareil photographique utilisant à l’origine un film négatif sur plaques de verre, et maintenant un plan film ou un dos numérique de grand format.

** paru dans un ouvrage mêlant textes et images : La traversée imprévue – Adénocarcinome, éditions la cause des livres, 2010